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Bourgogne 1/5

par Bruno Carroy 28 Janvier 2011, 19:53 Le bec dans le verre

Des mois (des années ?) que je n’ai rien écrit sur ce blog. Manque de temps ? D’envie ? Rien à démontrer peut-être ? Hum... ou peut-être simplement pas encore bien défini à quoi ça servait vraiment un blog finalement. Je mets parfois du temps à assembler les puzzles (jamais aimé les puzzles), mais attention ! Quand la machine s’emballe, alors là.... :-) bon, faut dire que je perds souvent mes clés, alors forcément, hein... 

Bref, la seule utilité, présentement, de ce blog, pour moi, (ça fait bcp de virgules, non ?) c’est la mémoire. J’aime revenir chercher une recette laborieusement décrite dans le but d’être comprise et éventuellement utilisée par d’autres et par moi. Sinon, j’oublie rapidement l’épice ajoutée ce jour là et qui fit la différence ! Ou encore relire les impressions, les sensations gustatives et émotionnelles, procurées par  un vin marquant, une rencontre marquante, l’atmosphère d’un restaurant, un yaourt à la fraise..., un voyage dans le vignoble, etc.  Un voyage - ou plutôt un aller-retour -  comme celui récemment vécu en Bourgogne par exemple. 

PUB
colibrigrappe.pngJ’ai planifié 5 voyages en Bourgogne cette année, dans le but de préparer correctement un nouveau module de cours, comprenant 5 soirées de dégustation réparties au fil de l’année et (judicieusement :-) baptisé OENO’FIL 2011, l’extraordinaire vignoble de la Côte d’Or. 
L’idée du cours est de permettre aux participants de faire connaissance avec quasiment toutes les appellations communales entre Dijon et Chagny, soit les vins de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune. 

C’est tout de même un peu une première ! 

La première séance aura lieu ce jeudi 03 février et traitera du sud de la Côte de Beaune, avec les appellations Maranges, Santenay, St. Aubin, Chassagne-Montrachet et Puligny-Montrachet. 

C’est complet. Merci petit Jésus. 
FIN DE LA PUB

1er voyage donc ce vendredi 14 janvier, accompagné de 2 joyeux acolytes oenophiles (non, je n’ai pas dit alcooliques:-). 

RDV à Santenay le matin, chez Françoise et Denis Clair. Accueil franc du collier et plutôt décontracté... Denis Clair, grand gaillard au tutoiement facile, à la verve truculente et qui prend un malin plaisir à lâcher des «tu vas me faire chier encore longtemps avec tes questions?». Le doute n’est plus permis, nous ne sommes pas à Bordeaux. 

Nous avons dégusté des vins de bonne facture dans les deux appellations relativement modestes que sont Santenay et St. Aubin. Un léger manque de densité dans les St. Aubin 1ers crus «Frionnes» 08 et «Les Champlots» 08 ; le St. Aubin «En Remilly» 08 est un cran au dessus, mais le St. Aubin «Les Murgers des dents de chien» 08 a remporté les suffrages ce jour là, grâce à un supplément de tension, de densité et de longueur. Ce 1er cru est proche géographiquement du Grand Cru Montrachet, situé sur les communes de Puligny et Chassagne. N.B Le Montrachet est considéré comme le plus grand vin blanc de toutes les galaxies. Prix astronomiques donc. 

Les Santenay affichent tous des fruités presque exubérants - Macération à froid - ça sent la crème de baies, mais aussi des notes épicées et minérales. Les bouches sont assez concentrées avec une bonne mâche en finale et des longueurs correctes dans l’ensemble. Une préférence nette pour le 1er Cru Clos des Mouches 08  - une fort jolie bouteille - suivi du 1er Cru Clos de la Comme 08, moins ample et ensuite du 1er Cru Clos des Tavannes 08, plus strict mais droit dans ses bottes. Des vins rouges bien bâtis, sérieux et à boire sur le fruit de la jeunesse. 

Egalement dégustés un Puligny-Montrachet 1er Cru La Garenne au jarret bien ferme et de bonne facture et un Bâtard-Montrachet 07 fermé, un peu brut en l’état mais relativement explosif en finale. 

L1020510.jpgUn sympathique moment donc et une excellente entrée en matière dans le paysage viticole bourguignon. 

Heure du déjeuner, Denis Clair, le ventre pétillant et l’oeil légèrement proéminent, nous recommande vivement «Le Terroir» à Santenay. La carte donne vraiment envie mais un rien trop chic pour un déjeuner décontracté. Corpeau et son auberge du Vieux Vigneron, nous arrivons ! 

Pierres apparentes, cheminée, andouillette, oeufs meurette, escargots, jambon persillé... Oui, on est définitivement en Bourgogne ! Simple et bon. Carte des vins d’un bon niveau. Les viandes sont cuites au feu de bois et le soufflé (au Grand Marnier ?) est de toute beauté. Studieux que nous sommes nous dégustons, pour la comparaison avec les vins de Clair, une demi bouteille de St. Aubin blanc 08 de chez Jean Pillot - bien fait mais sans réel éclat - et aussi une demi bouteille de Maranges 1er Cru La Fussière (07 ou 08, pas certain) du domaine Roger Belland. Corps assez léger, agréable et relativement soyeux pour l’appellation. Bien. 

L1020525RDV à 14h avec Jacques Carillon à Puligny-Montrachet, considéré - avec son frère - comme un des trois meilleurs domaines de Puligny, avec Sauzet et Leflaive. Accueil plus classique que chez Denis Clair mais aussi plus pédagogique. 

Tout est bon, très bon même. Des vins typés de l’appellation, tranchants, marqués par la minéralité, la droiture, l’éclat. Chaque cuvée a son propre caractère. Je vous épargne tous les commentaires de dégustation, mais la préférence a été au Puligny-Montrachet 1er Cru «Les Referts» 08, d’un très bel éclat. 

Mais vraiment, tout était excellent, d’ailleurs il n’y a rien à vendre : all sold out ! 

Jacques Carillon nous a notamment parlé du problème (certains parleraient de la «problématique», mais je suis vieux jeu) de l’oxydation prématurée des vins blancs de Bourgogne, apparu plus ou moins à partir du millésime 96. Plusieurs théories courent le vignoble : trop de rendement, trop de pesticides et engrais chimiques, trop de bâtonnage, etc. Jacques, lui, propose la piste de la mauvaise qualité des bouchons en liège... Intéressant. 

Il souligne aussi que les blancs de Bourgogne sont mis sur la sellette car ce sont des vins qui sont plus susceptibles d’être dégustés un peu âgés, alors que majoritairement les autres vins sont bus plus jeunes et, donc, n’auraient pas le temps de s’oxyder... Le problème, selon lui, concerne tous les vins. Le discours se tient. 

Il nous parle également du réchauffement climatique et de son effet sur la hiérarchie des terroirs. Les raisins cultivés sur les parcelles située tout en bas des coteaux auraient gagné en maturité et du coup rejoindraient le même niveau de qualité que dans les parcelles situées en milieu de coteaux et jusqu’à présent plus réputées. Mais cela dépend aussi du type de géologie, donc à prendre avec des pincettes... 

L1020556.JPGAprès un petit saut chez les sympathiques cavistes de Puligny-Montachet (chez Julien Wallerand) et la piste d’un nouveau jeune talent à Saint-Aubin à la clé...Nous partons en direction de Dezize-les-Maranges et du domaine Contat-Grangé.

L’accueil est sympa et décontracté. On est à l’extreme pointe sud de la Côte de Beaune - bien que l’appellation Maranges soit sur le département de la Saone et Loire et, du coup, ne fait ni vraiment partie de la Côte de Beaune ni de la Côte Chalonnaise - la partie la moins réputée, des vins plus simples et qui roulent bien les «R». 

Pas tout à fait la même exposition ni le même type de sol. Les vins du domaine (en bio) sont réputés au niveau de l’appellation Maranges et nous avons effectivement un petit coup de coeur pour le 1er Cru Les Clos Roussots 2008, un vin plein, dynamique et croquant. Probablement une des plus belles expressions de l’appellation. Le 1er Cru La Fussière et le 1er Cru Clos des Loyères sont également d’un bon niveau, quoique moins éclatants. 

Mais ce qu’il fait froid et humide dans cette cave en pierre voutée ! Pieds gelés. 

Les blancs sont simples et frais, le Bourgogne rouge est net, bien qu’un poil fluet et carrément rustique. Le Hautes Côtes de Beaune est un cran au dessus avec plus de densité mais toujours marqué par des tanins anguleux. Des vins de copains, sans chichi. Bon rapport qualité prix. 

Le temps de décongeler nos pieds avec le chauffage de la voiture et nous arrivons à Chassagne-Montrachet, au domaine Gagnard-Delagrange. Accueil chaleureux et d’une grande gentillesse par Josephe Delagrange et son petit-fils. Nous sommes là dans un des meilleurs domaines de l’appellation et pourtant celui-ci nous était inconnu une semaine avant... Voilà tout le charme, et aussi tout la difficulté, de la Bourgogne : une ruche de petites exploitations confidentielles et tout autant de niveaux différents de qualité. Pour en savoir plus sur les «Gagnard» (plusieurs domaines portent ce nom : Fontaine-Gagnard, Blain-Gagnard,...) visitez donc ce site ICI

Un coup de coeur unanime pour le domaine et ses vins et plus particulièrement le Chassagne 1er Cru Les Boudriottes, avec un 2008 tendu et minéral, un 2007 plus structuré, un 2006 plus en fermeté et un 1990 magnifique d’équilibre... Le Chassagne 1er Cru Morgeot est aussi superbe, bien que moins éclatant que Les Boudriottes. Ces deux lieux-dits sont d’ailleurs considérés comme les meilleurs 1ers Crus de l’appellation Chassagne-Montrachet. 

Egalement dégustés un Chassagne rouge de très bonne facture (le 2004 est très réussi) et un Volnay 1er Cru Champans agréable, mais sans la race des plus grands.  

Mme Delagrange nous parle des soucis de successions ou plutôt de la difficulté de pouvoir transmettre son patrimoine aux enfants, les droits de successions étant astronomiques. Elle souligne que bientôt seuls les grands groupes pourront se permettre de reprendre des domaines viticoles ayant une certaine valeur. Ce qui signifierait donc, à terme, la fin des domaines viticoles familiaux. Inquiétant. 

L1020533.JPGPour clôturer la journée, dîner au restaurant La Régalade à Beaune 

Un excellent repas dans un des meilleurs restaurants de Beaune mais aussi un des plus confidentiels, en compagnie d’un grandiose pâté en croûte «Alexandre Dumaine» (un des plus grands cuisiniers du siècle passé), un tonique tartare tiède de St. Jacques et tripes..., un délicat et efficace carpaccio de St. Jacques et truffes noires, des gnocchis à la crème de truffes, L1020532un poularde de Bresse aux morilles, une sole de Vendée au beurre citronnée et un pigeon entier dans son jus. 

Coté glouglou, un grandissime Pouilly-Fuissé «Clos Noly» 1998 du domaine Valette. Mais quel vin ! Tout grand, d’une texture voluptueuse et d’une grande longueur en bouche, arôme complexe avec une touche oxydative typique de ce vin. Pas facile de mettre un vin rouge là derrière... De plus, la carte de vins est courte. Nous optons pour un Clos Vougeot 2004 du domaine Chantal L1020554-copie-1.JPGLescure. Déception : c’est fluet, végétal et court. Ca ne s’ouvre pas plus après plusieurs minutes et nous décidons donc de passer à un Nuits-St.Georges 2007 du domaine Prieuré-Roch. C’est bon, c’est gourmand et bien balancé. Mais prochaine fois on reste au Clos Noly, car dans ce cas bien précis : «rouge sur blanc, tout fout le camp !» Compter env. 150 euros par personne. Aie.. 

En jambes pour une dernière bouteille, nous nous dirigeons au centre ville de Beaune mais devons rapidement retourner sur terre. Tout éteint... Tout vide. C’est la nuit. Bon, elle est où la discothèque du coin ?? :-) 



BC


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