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Histoire chimique d'une tarte aux cerises d'un supermarché

par Bruno Carroy 7 Septembre 2006, 15:31 Coups de bec

Texte de Claude Bourguignon, ingénieur agronome et microbiologiste des  sols, tiré de son excellent livre "Le sol, la terre et les champs".


1/Histoire de la pâte

- La farine :

Les grains de blé ont été enrobés d’un fongicide avant semis. Pendant sa culture, le blé a reçu de 2 à 6 traitements de pesticides selon les années, un traitement aux hormones pour raccourcir les tiges afin d’éviter la verse et une dose importante d’engrais : 240kg d’azote, 100 kg de phosphore et 100 kg de potassium à l’hectare. Dans le silo, après récolte les grains sont fumigés au tetrachlorure de carbone et au bisulfide  de carbone puis arrosés au chlopyriphosmethyl. Pour la mouture, la farine reçoit du chlorure de nitrosyl, puis de l’acide ascorbique, de la farine de fève, du gluten et de l’amylase.

- La poudre levante :

Elle est traitée au silicate de calcium et l’amidon est blanchi au permanganate de potassium.

- Les corps gras :

Ils reçoivent un antioxydant comme l’hydroxytoluène de butyl et un émulsifiant type lécithine.


2/ Histoire de la crème

- Les œufs

Ils proviennent d’un élevage industriel où les poules sont nourries aux granulés contenant des antioxydants (E300 à E311), des arômes, des émulsifiants comme l’alginate de calcium, des conservateurs comme la capsanthéine, des agents liants comme lelignosulfate et enfin des appétants pour qu’elles puissent avaler tout ça comme le glutamate de sodium. Elles reçoivent en plus des antibiotiques et en particulier des anticoccidiens.

Les œufs avant séchage reçoivent en plus des émulsifiants, des agents actifs de surface comme l’acide cholique et une enzyme pour retirer le sucre du blanc.

- Le lait :

Il provient d’un élevage industriel où les vaches reçoivent une alimentation riche en produits chimiques : des antibiotiques comme le flavophospholipol (E712) ou le monensinsodium (E717), des antioxydants comme l’ascorbate de sodium (E301), l’alpha-tocophérol de synthèse (E307), le buthyl-hydrox-toluène (E321), ou l’ethoxyquine (E324), des émulsifiants comme l’alginate de propyléne-glycol (E405) ou le polyéthyléne glycol (E496, des conservateurs comme l’acide acétique, l’acide tartrique (E334), l’acide propionique (E280) et ses dérivés (E281 à E284), des composés azotés chimiques comme l’urée (E801) ou le diurédo-isobutane (E803),des agents liants comme le stéarate de soduim, des colorants comme E131 ou E142 et enfin des appétants pour que les vaches puissent manger tout cela comme le glutamate de sodium.

- Les huiles :

Elles ont été extraites par des solvants comme l’acétone puis raffinées par action de l’acide sulfurique, puis lavage à chaud, neutralisées à la lessive de soude, décolorées au bioxyde de chlore ou au bichromate de potassium et déodorisées à 160° C avec du cholure de zinc. Enfin, elles ont été recolorées à la curcumine.

- La crème :

Une fois obtenue, elle reçoit des arômes et des stabilisants comme l’acide alginique (E400).


3/ Histoire des cerises

Les cerisiers ont reçu pendant la saison entre dix et quarante traitements de pesticides selon les années.

Les cerises sont décolorées à l’anhydride sulfureux et recolorées de façon uniforme à l’acide carminique ou à l’érythrosine. Elles sont plongées dans une saumure contenant du sulfate d’aluminium et à la sortie elles reçoivent un conservateur comme le sorbate de potassium (E202).

Elles sont enfin enduites d’un sucre qui provient de betteraves qui, comme les blés, ont reçu leur dose d’engrais et de pesticides. Le sucre extrait par défécation à la chaux et à l’anhydride sulfureux puis décoloré au sulfoxylate de sodium, puis raffiné au norite et à l’alcool isopropylique. Il est enfin azuré au bleu anthraquinonique.

Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter bon appétit !

Merci à Claude Bourguignon pour le partage de cette recette.

Nb. Claude Bourguignon sera présent à Genève pour une conférence en collaboration avec la Cité des Vins le jeudi 14 septembre 2006.

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commentaires
T
ce qui différencie l'homme de l'animal c'est la peur de l'avenir et le goût des boissons alcoolisées disait Curnonsky et encore il n'avait pas lu votre article!!!
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B
Difficile d'échapper à ces nuisances, à moins d'habiter en autarcie au fin fond de la Lozère ! Mais heureusement qu'il subsiste encore quelques producteurs passionnés avec une véritable approche naturelle de l'agriculture. Faut les dénicher mais cela vaut la peine !
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M
Comme je me félicite aujourd'hui à la lecture de ton article de faire moi-même mes plats et desserts. Ceci dit je ne suis pas sure que j'échappe quand même à toutes les nuisances industrielles.
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S
Je ne note pas la recette...mais j'applaudis bien fort à cet article !!! C'est tellement vrai !
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