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Ce vin n’a pas de prix !

par Bruno Carroy 22 Août 2006, 15:32 Le bec dans le verre

C’est le commentaire que m’a inspiré l’Ambre 2001 de Christophe Abbet, vigneron à Martigny, en Valais. Nous avons en effet eu le bonheur d’être convié chez Christophe dimanche dernier pour  déguster ces 2005 et autres millésimes encore en barrique.

A tout seigneur… L’Ambre est un vin liquoreux, touché à la vigne par la magie du Botrytis Cinerea, et à la cave par le talent, l’intuition, la sensibilité de Christophe Abbet. Le 2001, toujours en barrique, emplit le verre d’une magnifique couleur ambrée, lumineuse et chatoyante. Lumière de vie. Confit, malté, vanillé, intense et voluptueux, le nez est marqué par la grâce et la force du Botrytis. De fines notes oxydatives caractérisent ce vin qui séjourne en fût depuis 4 ans. Liquoreux et vibrant à l’attaque en bouche, il se développe, se répand, s’installe, prend tout l’espace, les parois buccales sont mises sous pression ! Divine onctuosité avec une véritable trame acide qui semble étirer le vin vers l’infini. Finale aromatique sans fin, sur des notes d’abricots et d’agrumes confits, de miel de châtaigne, de vanille, de minéral.
Fin de bouche aérienne, caressante et fraîche. Il y a là tout ce qu’on attend d’un très grand vin. Est-il possible de déguster quelque chose de meilleur ? (Commentaire spontané, instantané). Ce nectar contient environ 200gr de sucre résiduel et l’alcool marque 11°7 au compteur.

Le 2002 est plus suave avec des notes fraîches de thym citronné, de fraises cuites. Tout en rondeur. Le 2003 est riche, gras, onctueux avec une acidité un peu en retrait. Notes de confiture d’abricot. Equilibré.
Le 2000 est d’une grande finesse, notes de thé, pain grillé. Nuancé. Un peu moins liquoreux que les précédents.

Nous avons dégusté séparément les vins qui composeront la cuvée l’Air du Temps, issue de raisins récolté en surmaturité. Le millésime 2001 est toujours en barrique, il a fermenté longuement. Eloge de la lenteur : le chardonnay est magnifique, dans un  style oxydatif, grande finesse de texture, soutenu, plein, long, une bombe ! Le pinot blanc se présente plus difficilement, nez de pain d’épice, champignons… bouche riche et vive à la fois, un peu dissociée. Manque un peu de consistance en milieu de bouche. Finale marquée par le côté champignon. L’ermitage est un extraterrestre ! Nez intense et chaud, pâte de fruit, noix, oxydatif. Bouche chaude, capiteuse, enveloppante. Il n’y a quasiment plus de sucre résiduel. On l’imaginerait bien en compagnie d’une crème brûlée ou d’un dessert à base de ganache.

Ces trois vins composeront donc l’Air du Temps. Quoique, le Chardonnay est si beau et l’ermitage si particulier… Mais que faire du pinot blanc ? Pas toujours facile de devoir faire des choix.

Nous avons dégusté bien d’autres beaux vins, avant de passer à table en compagnie d’une belle pintade au jus, d’une tarte au pomme maison et de quelques vins…dont deux gamays vieilles vignes de Christophe : 1995 et 1991, dégustés à l’aveugle. Nous sommes partis sur du cabernet, de la syrah, des assemblages, mais pas sur du gamay ! Le 95 est plein de mâche et de vigueur, avec encore du temps devant lui. Le 91 est à maturité, plus en nuance et en délicatesse avec une texture fine et fruitée. C’est du gamay, du gamay valaisan, et c’est bluffant. On soupçonne quand même quelques vieux plants de durize (ou autres cépages autochtones) plantés au milieu des vieilles vignes de gamay.
Au programme il y avait aussi du gamay 97, une syrah 2004, de l’ambre 98 et 2004. Une bonne soirée.

Pour finir, quelques notes sur les 2005 : joli fendant rond et souple avec des notes de citron frais, de tilleul et de silex. Simple et pur. Une petite arvine intense, pleine et soutenue, avec quelques grammes de sucre résiduel et des arômes de chair d’abricot, de mangue bien mûre et de fumé. Un beau vin de gastronomie. Gamay vieilles vignes d’une belle tonicité avec des notes fraîches et positives de végétal et un fruité bien mûr. Expressif en bouche avec des tanins bien présents, mi-durs et gras. Long. Beau potentiel. Un gamay vieilles vignes de parcelle, les Avaziers (ou Arvaziers), épicé et savoureux avec une belle texture et de la fraîcheur. Enlevé en finale. A suivre de près !

En résumé, cassez tires lires et cochonnets, éventrez matelas et bas de laine, fracturez coffres et tiroirs caisses et offrez-vous quelques bouteilles de chez Christophe Abbet, Martigny-Bourg 079 287 97 33 ou à la Cité des vins à Genève ou Cave Sa à Gland.


Bruno Carroy
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