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Dégustation de vins de l'Etna

par Bruno Carroy 15 Juillet 2012, 08:38 Le bec dans le verre

Un extraterrestre, un %689ç*»?= par exemple, pourrait saisir la complexité du monde des humains en dégustant une quinzaine de vins issus d’une même région. Les vins de l’Etna par exemple, prétendant (plus ou moins malgré lui) au titre de 3 ou 4ème plus grand terroir viticole d’Italie et patrie du cépage Nerello Mascalese. 

extra.pngA travers son système d’appréhension de l’environnement comestible %689ç*»?= vivrait le quotidien d’Homo E-Rictus: horreurs, bonheurs, fourberies, actes manqués, vérités, mensonges, maladresses.

Au rayon des horreurs ce vin au parfum de vieille réglisse et d’arômes de fruits trop cuits, violent en bouche, alcooleux, séchard. Sans chair. Zombie shooté aux stéroïdes. Et aussi ce vin au nez de cul de chèvre et de persils.. Au moins on saura quoi cuisiner. Après vous monsieur le curé. 

Coté fourberies un vin qui pue le copeau à 3km et un autre qui n’appelle qu’un commentaire: vinasse décontractée, gloire des têtes de Gondoles à 1 euro la quille... 

Et puis cet autre qui sent la bricole oenologique à plein nez, cadavre désarticulé nourri aux ‘cides dès l’enfance. 

Au rayon maladresse on peut citer la cuvé «Magma» 2009 de Frank Cornelissen, un vin au nez de figue, simple mais non dénué de finesse, agréable, gourmand, juteux même, «ya du vin!» avons-nous tous convenu lors de la dégustation à l’aveugle. D’ailleurs on a bien pensé à un vin de Cornelissen, vigneron qui travaille en bio et sans artifices. Mais on pensait à son entrée de gamme (Contadino à env. 15 euros), voire à «Munjebel» (environ 30 euros) une cuvée un peu au dessus, mais on pensait pas à son vin haut de gamme «Magma» à environ 100 euros la bouteille! J’ai lu quelque part que Frank Cornelissen, selon ses propres dires, a décidé de vendre beaucoup plus cher cette cuvée, non en fonction d’une qualité vraiment supérieure mais tout simplement pour pouvoir vendre moins cher les autres... afin de les rendre plus accessibles à tous. Belle idée. Sauf pour le passionné qui cassera la tirelire... 

Du bonheur avec la cuvée «Guardiola» 2005 de la Tenuta delle Terre Nere. Un vin ample avec un beau jus et de l’allonge. A l’aveugle il a tout d’un beau pinot noir de Bourgogne ; on frôle la délicate affirmation d’un Chambolle-Musigny. Tout juste un poil marqué par la barrique (selon un dégustateur), révélateur d’une ambition affichée? Un grand vin en tous cas. Bluffant. 

Du bonheur aussi avec le «vin pirate» de la soirée, un Nebbiolo d’Alba 2009 de chez Rinaldi. Le muscle plus ferme et à peine plus ramassé, avec un nez de miel et de thym.  J’avais pensé à un beau vin de Provence, genre Trevallon... bon, on est pas loin de Turin hein? 

En troisième position, ex aequo (dans mes notes) le Santo Spirito 2008 de la Tenuta delle Terre Nere. Ca sent le cacao, la poire William, l’artichaut. Original. Structuré, droit, fin. Finale un peu stricte.

Et (encore!!!) Tenuta delle Terre Nere «La Vigna di Dom Peppino» 2006. Ca rappelle un peu la Syrah, plus en rondeur que le précédent. Le nez est frais, assez délicat. 

Dans le peloton juste derrière, au taquet dans l’ascension du sommet de l’Etna le «Sciaranuova» 2008 de Passopisciaro. Un vin qui nous parut plutôt «nature», sur le fruit, la framboise, gourmand, simple mais cohérent. Un vin vrai qui se laissera boire. 

Et puis, toujours dans le registre des vins à boire avec plaisir, le «Musmeci» 2008 de la Tenuta di Fessina. Simple, net, nez de verveine, souple, fruité. Un vin de plaisir. 

Des jolies choses mais une bonne moitié de vins passables à mauvais (16 vins rouges en dégustation). La routine dans à peu près tous les vignobles. 

Difficile de pointer un style commun, une identité forte. Reste des robes plutôt claires, une bonne fraicheur acide et un degré d’alcool plutôt faible pour le sud de l’Italie. Merci aux vignes cultivées en altitude. Du coup on a une buvabilité supérieure à beaucoup de vins italiens. Un coté plus aérien, détendu, souple, sans manque de concentration. L’intensité des vins est plus due au terroir qu’à un degré d’alcool élevé et des raisins en surmaturité. A noter aussi que la plupart des vins biens notés sont issus de très vieilles vignes. 

Nul doute que %689ç*»?= aurait déjà attrapé le virus du vin et,  repoussant la date de l’extermination de notre pauvre espèce, serait passé à la découverte d’une autre vignoble, puis d’un autre, et d’un autre encore...

Et bravo à Terre Nere.

Et merci à Pierre-Henri pour l’organisation de la dégustation et pour sa générosité.

BC

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