Prendre trois vins de chez le (la) même vigneron(ne) et issus du même millésime – but not of the même hiérarchie – et les déguster les à « l’aveugle ».
Prendre de préférence des vins issus du même cépage, idéalement des vins de Bourgogne, région viticole qui a pour ainsi dire inventé le concept de « terroir ».
Mais on peut aussi utiliser des vins de la vallée du Rhône avec par exemple une AOC Côtes du Rhône, une AOC Côtes du Rhône Villages et une AOC Gigondas. Toujours dans le même millésime et de chez le même producteur.
L’autre soir, dans le cadre des merveilleux cours de Terre Oenophile :-), nous avons dégusté à l’aveugle des vins de la talentueuse Ghislaine Barthod :
Chambolle Musigny 1er cru Les Fuées 2001 »
Chambolle Musigny « Village » 2001
Bourgogne rouge 2001
Ces vins représentent 3 niveaux qualitatifs, selon la fameuse classification Bourguignonne, du plus simple – le Bourgogne – au plus complexe – le 1er Cru – avec le village en « intermédiaire ».
C’est en fait une « semi-aveugle », nous savons quels vins sont servis mais pas dans quel ordre.
Tout l’intérêt de l’exercice est de s’entraîner à distinguer des données quelque peu abstraites comme la complexité, l’élégance, la présence, la finesse, la noblesse, l’équilibre, la pureté, mais aussi des données plus objectives comme la puissance, l’ampleur, la longueur en bouche.
C’est la capacité d’une personne à distinguer et à interpréter ces différentes sensations qui font d’elle un dégustateur pertinent, et non la capacité à reconnaître des arômes et à décrire des saveurs. La réside toute la difficulté et aussi tout l’intérêt de la dégustation.
Nous n’avons pas pris l’aspect du vin en compte dans cet exercice.
Mon premier a des arômes de bonne intensité, épicés (poivre noir) avec des notes marquées de cassis et de mûre. Pain de mie. L’attaque est douce et marquée par ces même arômes de cassis et de mûre. Le vin évolue ensuite sur un bon support acide et des tanins un peu durs, presque un peu verts. La finale est un poil astringente et le boisé se fait légèrement ressentir. Longueur correcte, 5 à 6 de PAI (persistance aromatique intense, dans le jargon…)
Mon deuxième présente des arômes intenses et également épicés, poivre noir, avec des notes florales et minérales. L’attaque est assez soutenue et ample, avec un fruité (baies) intense. La texture est serrée et les tanins bien présent, mais sans astringence. Finale assez longue et juteuse.
Mon troisième est fruité, cerise, kirsch. L’attaque est assez directe et fruitée, l’évolution se fait sur un milieu de bouche fluide, rond et fruité, de la fraîcheur et des tanins un peu rustiques mais sans agressivité. La finale est correcte, 3 à 4 de PAI.
N.B. 2001, en Bourgogne, est un millésime que l’on peut peut-être qualifier de « classique », pas un grand millésime de garde, riche et puissant, ni un millésime particulièrement fluet. Cependant seuls les meilleurs vignerons ont réussi à éviter dilution et verdeur, dues à des conditions météorologiques assez moyennes.
On retrouve effectivement une certaine dureté/acidité dans le 1er et, dans une moindre mesure, dans le 3ème. Le 2ème a des tanins plus arrondis et une acidité mieux intégrée. Il présente aussi des arômes plus variés et plus fins. Le troisième est agréable et de bonne tenue, il se donne sans trop de retenue, alors que le premier paraît plus tourmenté…
Mais qui est qui ? Et surtout pourquoi ? Alors Watson ?
BC